3ème jour, Foofwa sur le pont de la Poya, on y danse, on y danse

Troisième jour de festival, il fait toujours aussi chaud et à ça s’ajoute gentiment la fatigue qui s’accumule, mais impossible de flancher. Je chausse mes plus belles baskets fluo et mes habits de sports achetés à la naissance de mon fils et qui ont servit une fois (dans la cabine d’essayage) avant de partir retrouver Foofwa D’imobilité, mon invité du jour.

Né Frédéric Gafner, Foofwa D’Imobilité est un des danseurs contemporains les plus étonnants de sa génération. Ancien danseur classique au ballet de Stuttgart, il entre en 1991 dans la compagnie du génialissime Merce Cunnigham,  le chorégraphe avant-gardiste qui a fait la transition entre la danse moderne et la danse contemporaine, il y deviendra ensuite Foofwa D’Imobilité. En 1998, il quitte la Merce Cunningham Dance Company pour commencer son travail de chorégraphe et crée en 2000 l’Association Neopost Foofwa pour laquelle il mettra en place bon nombre de pièces en collaboration avec des vidéastes, des musiciens et des plasticiens. Rien n’arrête Foofwa, ni la nudité qu’il utilise régulièrement dans ses chorégraphies, ni l’effort. Il travaille sur le rapport entre le sport et la danse et invente le Dancerun, enfant légitime de la course à pied et de la danse contemporaine. Attention, n’allez pas imaginer qu’il  suffit de mettre un tutu à Usain Bolt pour obtenir un beau Dancerun (quoique je suis assez sûre que ça plairait à Foofwa).

Aujourd’hui, notre décor ce sera le Pont de la Poya. Nouvel emblème de Fribourg, le pont anti-Roësti Graben s’étale entre le Palatinat et le Schöenberg et il faut bien avouer que même s’il en a fait râler plus d’un (étonnant quand même dans une commune dans laquelle tout nouveau projet est accueilli à bras ouverts), il en jette ce pont. Je le trouve beau, avec ses haubans et ses câbles blancs qui ressemblent à de gigantesque pailles en papier.

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À peine arrivé, Foofwa me confie qu’il a déjà pensé aux mouvements qu’il allait faire pour qu’ils s’inscrivent au mieux dans cette architecture peu commune à la danse contemporaine. Nous passons en coup de vent dans les backstage du festival, je ne passe pas inaperçue avec ma casquette et mon spandex, j’entends même quelques « toutouyoutou », mais il faut avouer qu’une fois Foofwa sorti de sa loge en slip de bain noir, baskets de course et sangle à badge léopard (sans badge) autour du cou, je retourne à la case anonymat. J’accroche ma caméra embarquée, règle ma ceinture de course (il n’a plus de place dans son slip pour une gourde) et nous partons. Le long du chemin qui mène au pont, Foofwa s’échauffe tout doucement. Petit à petit les mouvements de danse apparaissent, je recule un peu et me tiens derrière lui pour le filmer. Rien ne lui échappe, les regards des gens parce qu’il porte un maillot ailleurs qu’à la piscine, les bruits environnants qui rythment ses pas, même le couinement de ses chaussures entre en lice dans ce qui fera la bande-son de ce dancewalk (oui parce qu’avec les 35 degrés du jour, on ne court pas, on marche).

Arrivés devant l’entrée du pont, je réalise que je ne sais pas du tout par où entrer à pied. C’est un jeune homme qui nous renseignera. Il suffit de descendre le chemin du Palatinat et de prendre une entrée conçue tout spécialement pour les piétons.

Nous y sommes. Foofwa me demande si je suis prête, il boit un peu et se lance. Très vite je réalise l’effort qu’il fournit, il souffle fort, fait de grands mouvements, tout est travaillé, soigné malgré l’improvisation. L’instant est incroyable, neuf minutes de silence accompagné par le bruit des voitures et de quelques motos qui ralentissent en passant près de nous. Je me sens totalement privilégiée d’assister à ce spectacle intense.

De retour vers le festival, Foofwa m’offre quelques beaux moments, des poses, des roulades, il fait même la roue.

Nous remontons la ville vers la place Python où nous sommes filmés par l’équipe de Take Off productions, Foofwa profite du concert de Sacha Ruffieux devant la butte pour faire une entrée fracassante, il danse juste devant le guitariste homme-orchestre qui lui répond, heureux d’avoir pour une première fois un danseur contemporain mêlé à sa musique rock. Comme me l’a fait remarquer Sylvain Maradan, programmateur du festival, c’est aussi ça les Georges, la rencontre entre des univers complètement différents, l’apéro VIP du jour, le rock fuzzé de Sacha, de la danse contemporaine et un public assis ou de passage mais jamais indifférent.

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Nous reprenons nos esprits en backstage avant une interview musclée, Foofwa fait le pommier et répond à mes questions dans la douleur. Finalement nous reprenons nos habits de ville. Aujourd’hui, les jeunes de l’atelier électrophonique ont accès au festival, ils visitent la scène où ils se produiront dimanche et profitent un peu des canapés réservés aux artistes. La discussion avec Foofwa est à hurler de rire, les jeunes ont bien cerné le caractère de Foofwa et en profitent. Ma vieille pie les corrige, on ne dit pas partie en « couilles », mais bien partir en testicules, les jeunes l’ont adopté et Foofwa se renseigne alors sur l’atelier auprès d’Eduardo le responsable de ce projet. L’idée lui semble géniale à lui, papa et beau-papa de deux petites filles de 2 et 6 ans, tout comme la garderie. Il rêve de voir des théâtres en ouvrir.

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On part manger mexicain, Foofwa hésitait avec les sushis, mais la chaleur l’inspire et l’aspire vers la roulotte El Gringo tenue par William. Il y a déjà la queue devant le food truck vert qui sert des burritos et autres spécialités Tex Mex. Aidé par John, il enroule et tartine de guacamole à la chaîne, toujours avec le sourire. Courrez y manger!

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S’enchaînent alors les concerts de Peter Kernel et de Chapelier Fou dont Aurélia la responsable de l’accueil VIP est tellement fan qu’elle n’ose pas les aborder et me demande de l’aide. Ni une ni deux je les attrape et leur demande si ils ont une minute, ils sont timides mais jouent le jeu, les vinyles sont signés, je peux me remettre à écrire mon article. Cette soirée a attiré les mélomanes, Other Lives enflamme le public qui en redemande en criant, quand ils repartent sur scène pour un rappel, Xavier notre chef adoré en hurle de bonheur.

Demain, c’est Philippe Ligron, animateur de Bille en tête sur la Première qui m’accompagne pour ce que je pense être l’arrivée la plus originale d’une vieille pie sur le festival, mais je n’en dirai pas plus pour lui garder la surprise!

Boris, la machine de guerre qui aime porter les fûts

Ça avance sur la place Python! Le patron a remis son tshirt (parce que la photographe est partie), et les tentes poussent comme des champignons.

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photo Maud Chablais

L’occasion de vous présenter l’arme secrète des Georges. Pile entre le staff et les bénévoles, il y a Boris, le stagiaire que l’on me présente comme la « machine de guerre » du festival.

 

Joli blond (pas du tout célibataire, j’ai demandé pour vous bien sûr) de 38 ans qui en fait facilement dix de moins, Boris vient aux Georges depuis la première édition l’année passée. Véritable homme à tout faire, il épaule Olivier le chef de bar et m’avoue en souriant qu’il adore porter des fûts.

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Olivier, responsable des bars

Boris vient un peu pour le plaisir, mais surtout pour le compte de la Fondation Echaud basée à Cugy qui a pour mission d’accueillir des adultes en situation de poly handicape. A l’année il est responsable des relations publiques et des loisirs pour la Fondation qui l’envoie l’été en stage pour développer ses compétences en événementiel. Il enchaînera directement avec le Paléo sur lequel la Fondation tient un stand spécialement pensé pour les festivaliers en situation de handicape, une sorte de zone de repos conçue pour leur permettre de récupérer et de crier eux-aussi Bamboulé jusqu’au bout de la nuit.

En discutant un peu à l’ombre avec mes deux chiens qui sèchent comme des morues , il m’explique qu’il apprécie particulièrement le festival Les Georges parce qu’ici, c’est le festival qui vient en ville et pas l’inverse. Et puis il ne connaissait pas du tout Fribourg avant! Il apprécie tellement son séjour ici qu’il reviendra à titre privé cette fois-ci pour la troisième édition.

Boris représente donc sa fondation, mais il y aura également des associations mises en avant cette année lors du festival. La plateforme Pis ton assoc’ (on notera au passage le talent qu’a notre président directeur général Xavier Meyer pour les jeux de mots, d’ailleurs je vous propose de me dire comment son salon se serait appelé s’il avait été coiffeur) propose à diverses associations de venir se présenter sur l’espace entre la scène et la rue de Romont (direction rue Saint-Pierre). Le bus Point Com leur servira de stand. Elle est pas belle la vie?

Vous pourrez trouver toutes les infos sur le site des Georges.