Aujourd’hui, journée spéciale pour la blogueuse culinaire que je suis, c’est la moitié de Bille en tête qui me rejoint sur le festival. Philippe Ligron arrive en fin d’après-midi à Fribourg, vêtu d’un short militaire et d’un t-shirt à imprimé barbelé (on sent ici l’influence de Duja), nous marchons vers la vieille ville où je lui ai préparé une jolie surprise. Il fait encore très chaud, on cherche l’ombre à la rue de Lausanne, puis autour de la cathédrale, et comme nous sommes un peu en avance sur le programme, nous décidons de nous arrêter sur la terrasse du Belvédère pour y prendre un verre.
Une chose est sûre, Philippe est intarissable. Il a un demi-milliard de projets en route. Passionné d’histoire, il tient des conférences sur la gastronomie à travers les âges, m’explique que nous n’avons rien inventé, que tout est écrit, on ne fait que revenir en arrière, pour améliorer, si besoin, ce qui a déjà été fait. D’un éternel optimisme, il m’assure que nous allons vers le beau, affirme que sa génération mangeait comme des cochons, mais la suivante prend conscience que la nourriture c’est avant tout l’humain. Savoir d’où vient la viande que l’on mange, qui a fait poussé la salade qui l’accompagne. Le « médicaliment », se soigner avec ce qu’on mange, c’est ça la cuisine du futur selon lui. Il a du respect pour les grands chefs d’aujourd’hui mais n’est pas vraiment impressionné, tout est trop propre, trop soigné à son goût.
Il a d’ailleurs horreur des concours de cuisine télévisés, « de toute manière la production sait d’avance qui va gagner et ils veulent du sensationnel » me dit-il, rien à voir avec la cuisine. Mais conscient de son pouvoir médiatique, il entreprend d’enseigner d’oû nous venons à travers ce que nous mangions. Prochainement il organise une nouvelle « ligronnerie » dans les mines de sel de Bex, rien n’est prêt encore, mais ça ne pose aucun soucis à l’hyperactif, en deux jours tout sera plié. Un peu comme l’orgie romaine qu’il avait organisé dans les arènes d’Avenches, il transporte la cuisine dans un endroit complètement insolite pour en raconter l’histoire.
Et puis il est aussi professeur de cuisine à la très réputée École Hôtelière de Lausanne. Ancien militaire (il a fait la guerre au Liban), il avoue avoir été très dur avec ses élèves au début (il y a 25 ans), sûrement pour compenser son jeune âge. Mais depuis il dit s’être ramolli. Il se sert également de son statut de professeur pour profiter du réseau incroyable que génère l’École Hôtelière, très impliqué dans plusieurs projets humanitaires, il n’hésite pas à contacter d’anciens élèves à travers le monde pour leur demander un coup de main quand il est en voyage.
Comme s’il en fallait encore pour démontrer l’énergie qu’il dépense pour mettre en valeur le patrimoine culturel gastronomique, Philippe est ambassadeur pour Max Havelaar et Sel des Alpes, il préside également l’association « Lausanne à Table » qui organise de juin à septembre des évènements dans la capitale vaudoise pour valoriser les acteurs du goûts romands tout en mettant en avant les produits locaux. Il a en tête des restaurants comme le café des Artisans, un petit café situé au centre-ville de Lausanne et tenu par la jolie Amaya et son frère Iggy. Il me parle de leur passion et de leur manière de tenir leur établissement, avec goût et originalité. Et puis à 49 ans, il n’oublie pas ses trois enfants et trouve même du temps pour entraîner l’équipe de tir à la corde de la jeunesse de Brenles-Chésalles-Sarzens dont font partie ses deux fils, et ça n’a rien de drôle, Philippe me jure que c’est très stratégique!!
Nous quittons la terrasse du Belvédère pour nous diriger vers le pont de Zaehringen où nous attend ma surprise. Je savais Philippe passionné de chevaux et d’attelage, il part d’ailleurs très prochainement rejoindre ses parents en Camargue avec ses deux chevaux. C’est donc tout naturellement que je lui ai réservé un calèche pour visiter la vieille ville.
C’est Hervé Sapin, de la Ferme pour Tous qui a fait le chemin jusqu’à Fribourg pour nous. Philippe est touché par l’attention et grimpe sans attendre avec moi à l’arrière de la calèche. Nous reprenons le pont, descendons la Grande-Fontaine en faisant des coucous aux filles qui nous photographient et partons nous balader en vieille ville, suivis par une colonne d’automobilistes plus ou moins patients. Les sabots des chevaux claquent sur les pavés de la place du Petit-Saint-jean puis sur le Pont de Berne, nous faisons un petit crochet par la vallée du Gottéron et remontons vers la place Python, où nous attend comme d’habitude l’équipe de Take Off Productions. Quelques curieux viennent saluer les juments, certains nous font même signe de la main (dans l’ordre).
Nous sommes attendus au café qui accueille les afters du festival, Les Trentenaires (aiment la bonne bière) tenu entre autres par Stéphane Jaton, ancien élève de Philippe. Nous sommes rejoins par Pierre-André Thépaut, directeur du NH Hôtel de Fribourg et également ancien élève du l’EHL. Stéphane nous a fait préparer un apéritif digne du chef, avec foie gras poêlé, carpaccio de boeuf, risotto à la betterave et crevettes au chorizo. Nous avons également pu déguster trois des 120 références de bières disponibles dans le restaurant, en accord avec ce que nous mangions.
Vers 19h00, nous entrons sur le site du festival pour le concert de Hell’s Kitchen tout à fait à propos,la soirée est lancée. Philippe est à l’aise au milieu de la foule, certaines personnes le reconnaissent et viennent le saluer. Très étonné par le beatbox de Koqa, il nous rejoint en backstage pour lui toucher un mot sur une éventuelle future émission de radio, affaire à suivre!
Ce soir, doivent encore passer sur scène les fribourgeois de The Red County et je m’apprête à présenter le concert , Solange la Frange que j’ai attendu toute la semaine, et sa prêtresse Julie Hugo, qui ne manquera pas d’envoûter la place au complet. En attendant vous pouvez vous rincer l’oeil avec son tout nouveau clip K2000!
Vive la bouffe, vive les Georges!