Mix & Remix, la cathédrale vue d’en-bas et le dernier soir des Georges

C’est Philippe Becquelin, le célèbre dessinateur suisse, papa de Mix&Remix qui me rejoint aujourd’hui sur le festival. On le connaît pour ses dessins dans le matin dimanche ou l’Hebdo  ou encore en direct dans l’émission Infrarouge, ce qu’on sait moins, c’est que Philippe a également été le crieur de la Cathédrale de Lausanne pendant dix ans. Je me réjouis donc de lui annoncer que si cette semaine, certains se sont fait balader en vieille américaine ou en calèche, lui aura l’honneur de grimper les 365 marches que compte notre cathédrale à nous!

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Nous descendons donc la rue de Lausanne, très déterminés à en découdre malgré la chaleur et la lourdeur de l’atmosphère qui règne avant l’orage, prêts à tout pour crier les 17h00 qui arrivent, j’ai presque de la peine à suivre Philippe tellement il se réjouit de cette ascension. L’horaire sur le site internet indique que l’on peut monter jusqu’à 17h00, malheureusement il est 16h45 et le responsable refuse de nous laisser passer. Il semblerait que tout le monde doit être redescendu pour 17h00. DOMMAGE! (ouf) mais on a quand même profité du parvis avant de se diriger vers les arcades et de boire l’apéro. Philippe n’est pas drôle que sur le dessin, il me fait hurler de rire, mais ce n’est pas toujours simple de savoir s’il blague ou non, l’ironie trônant en bonne place dans son sens de l’humour.  On parle de ses débuts aux beaux-arts, de ses enfants dont il est très fier, Louiza la plus jeune qui est aussi illustratrice et tient un blog engagé qui parle de féminisme, et son fils Paul, un peu plus connu des fribourgeois puisqu’il a participé avec son groupe  » Adieu Gary Cooper » à la première édition (corrigez moi si je me trompe) de la Sunday Night Jam de Radio Fribourg.

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On parle aussi de ses limites. Je lui demande si Le Matin Dimanche l’a déjà censuré, ou lui a refusé la publication d’un dessin, il me répond que non, mais quand on aborde le sujet « Charlie Hebdo » auquel il ne doit échapper dans aucune interview, il m’explique que pour lui, « ça ne vaut pas le coup ». « Quand toi tu as du papier et un crayon et qu’en face les mecs ont des flingues, c’est perdu d’avance ». Il se rappelle avoir croisé Charb dans un festival, accompagné d’un policier en civil qui assurait sa protection, « même en civil, ça reste un flic qui te suis non-stop ». Il a d’ailleurs été approché par Charlie Hebdo récemment pour renforcer les rangs, mais fidèle à Siné et très loyal, il ne veut pas.

Lorsque nous arrivons sur la place-Python, les fribourgeois de Kabak s’apprêtent à monter sur scène, les enfants de Fred le batteur s’approchent de nous, Élisa et Mathias sont des fans et demandent une dédicace à Philippe qui s’exécute sans broncher. On avait parlé un peu plus tôt des enfants qui portent des casques pour ne pas se broyer les tympans devant les scènes des festivals, il s’en est alors inspiré:

Nous partons manger des pizzas dans le stand d’Olivier Fivaz, nomade Pizza. L’équipe trimballe son four à pizza au feu de bois et le résultat en vaut vraiment la peine. Olivier nous laisse même passer derrière son stand, en coulisse, là où la pâte est étalée, étirée, garnie et finalement refilée au pauvre appointé au four qui aura passé l’intégralité du festival entre canicule et feu de bois.

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Philippe aura fait son show en backstage, pas besoin de vous dire que le rire de Jérôme a retentit loin dans le festival au moment où Philippe lui expliquait l’utilité de son Apple Watch.

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Moriarty fait son apparition sur scène, Philippe compare leur chanteuse, Rosemary Stanley à Amy Winehouse, le chignon en moins. Nous profitions du concert avant de retourner en backstage où il rencontre l’agent du groupe franco-américain, un vieux copain à lui. Il me lance: « c’est grâce à lui que je dessine »! Pas si faux quand on sait que Patrick David de Two Gentleman, ancien de la Dolce Vita à Lausanne lui avait demandé à l’époque de dessiner les flyers du fameux club lausannois. Ils reparlent du bon vieux temps, des afters à la cathédrale de Lausanne, des parties de Nintendo dans les loges du crieur (là c’est la version soft), et Philippe me fait remarquer la ressemblance entre Patrick et Marlon Brando. Je crois qu’il est l’heure d’aller se coucher…

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Pour la dernière soirée des Georges, le festival a à nouveau affiché complet, la bière coule à flots, même Sylvain Maradan court dans la foule avec des caisses de gobelets à emmener vers les bars. La foule est dense devant la scène pour la rue Kétanou et finalement Grammatik qui a l’air de s’être parfaitement acclimaté au canton. Le lendemain de son concert, il nous fait parvenir cette photo:

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Dimanche, la journée des familles attire les petits, et leurs parents. L’atelier électrophonique épate avec des reprises électro de Queen et d’autres tubes contemporains, un show préparé en une semaine avec l’excellent Eduardo qui accompagne ses petits protégés à la guitare. Xavier et Élise sont au premier rang, heureux, ils tapent des mains comme le demande les enfants sur scène, sans trouille, sans trac, décidés à faire trembler la Place-Python!

Puis vient le tour des petits chanteurs à la gueule de bois qui débutent leur concert en chantant « Ton papa est policier, c’est pas de ta faute », mon mari est plié de rire, mes enfants adorent. Le soleil ne fait même plus peur, les plus petits dansent, les parents aussi, quelques casques se promènent même si le volume a été pensé pour les enfants.  Le festival se termine avec le Carrousel des Moutons, entre acrobaties sur piano, poésie et humour, on fidélise aux Georges, c’est certain!

Lilly Bulle, Ivy Hipsylon, une virée en Impérial et le début des vieilles pies

Enfin elles sont là mes vieilles pies! Aujourd’hui je lance ma rubrique consacrée aux VIP des Georges, mes invités de la semaine, les privilégiés, des personnalités romandes qui m’accompagneront tout au long du festival pour une visite insolite de la ville, un apéro et une soirée aux Georges. Avec certains partenaires, des bars, les stands je vais soigner mes protégés et leur donner envie je l’espère de revenir très vite.

Pour le lancement du festival, ce sont deux des danseuses burlesques les plus présentes sur la scène suisse et internationale. Lilly Bulle, psychothérapeute dans la vraie vie, performeuse et productrice quand il y a des paillettes et Ivy Hipsylon, corsetière au civil et dresseuse de feu quand les lumières se tamisent.

Je les attends à la gare de Fribourg en fin d’après-midi, elles sont magnifiques, habillées comme des pin-up sur le flan d’un bombardier de la deuxième guerre mondiale, elles posent dès que je sors mon iphone pour une photo et elle le font très bien.

Nous marchons vers le funiculaire, je me rappelle à peu près comment prendre un billet et nous embarquons à l’avant. Il fait chaud, Ivy sort son éventail, le décor colle parfaitement à mes deux pies.

A notre arrivée en vieille ville, les filles lancent des oooh, des aaaah à la vue de la magnifique voiture vintage, une Imperial rouge des années 50 qui nous attend. Denis notre chauffeur du jour nous attend à l’ombre d’un arbre, il bondit en voyant les filles et vient nous saluer. Nous montons, moi à l’arrière, les filles à l’avant puisque la voiture dispose de trois places. Denis, c’est le génialissime propriétaire du Deni’s Diner de Pensier.

Véritable repère à motards et passionnés de belles cylindrées, Denis a ouvert cette année le restaurant de ses rêves et il ne désemplit pas depuis. Fidèle au modèle américain, la déco est soignée, les tables ornées de ketchup et de moutarde dans des bouteilles en plastiques rangées près des portes serviettes, on s’attend à vivre la scène d’ouverture de Pulp Fiction avec les deux amants gangsters qui cambriolent un diner. Tout y est, le juke box, les motos et les vieilles voitures parquées devant, les serveuses en robes à pois et le sol en damier. On y sert des hamburgers confectionnés avec de la viande locale, du bison d’avenches même, et les pommes de terre sont apportées directement au restaurant par le voisin avant d’être pelée, coupées et transformées en frites.

On se commande des milk shakes et on papote. Lilly tient une revue au Lido de Lausanne, elle y produit des spectacles et donne des cours de danse. De son vraie nom Julie, elle travaille comme psychothérapeute et est maman d’une petite fille d’un an. Et puis il y a Ivy, de son vrai nom Hulya, une jeune corsetière fribourgeoise et ancienne élève de Julie qui lui fait désormais ses costumes de scène. Parce que c’est un peu la règle dans le burlesque, il y a une espèce de fierté à confectionner ou à dessiner soi-même son costume de scène. Les filles sont complices, elles me racontent leurs soirées, le monde du burlesque, les jalousies, la difficulté de vivre de ça. Pas simple de s’effeuiller, mais elles assument. Elles sont féminines et le revendiquent. Ivy me raconte que personne ne la remarque quand elle n’est pas maquillée, mais elle aime qu’on lui fasse un compliment une fois métamorphosée. Lilly, elle, n’a pas hésité à danser enceinte, son corps change, mais pas elle et elle n’a aucun problème à montrer ce ventre que beaucoup cherchent à cacher.

Nos milk-shakes terminés, nous reprenons la route vers la place Python. Denis est charmant, il nous raconte qu’il a trouvé sa voiture en France et il est fier d’affirmer qu’il n’y en a que trois comme celle-là en Europe!

Une équipe de tournage nous attend à notre arrivée, VIP oblige, les filles répondent à quelques questions et nous nous dirigeons vers les backstage pour nous réhydrater avant de nous diriger vers le camion de radio fribourg pour une interview en direct à réécouter ici.

Après une pause bien méritée, nous nous redirigeons vers la foule devenue dense du festival et nous frayons un passage vers le stand de Cynthia. La chanteuse du groupe fribourgeois Jim the Barber passionnée de cuisine tient depuis l’année passée un stand de hot-dogs. Mais attention, pas le hot-dog à un franc façon géant suédois, le vrai hot-dog que l’on peut trouver au coin d’une rue de Manhattan, garnie de choucroute ou de rucola. Les filles se ruent sur un double-trouble, je me tâte et me décide enfin pour un Mr. Bean, mon mari n’aura qu’à se boucher le nez ce soir.

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C’est moi ou cette photo est un peu cochonne?

On se rince l’oeil avec le concert des Duck Duck Grey Duck, toutes plus ou moins d’accord que les beaux cheveux frisés de Robin le chanteur mériteraient qu’on y passe les doigts. Le festival est lancé, les filles sont heureuses et profitent de leur soirée. A venir, le rockabilly mexicain des Puta Madre Brothers, on se réjouit.

Demain, j’accueillerai Frank Matter, la voix la plus suave de couleur3, fils naturel de Frank Drebin, Jacques Villeret et Mimie Mathy, si tout va bien, il devrait arriver en maillot de bain. Vive les Georges!